Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion communiste. Mais c’est moi seul qui ai tout ce que je me procure : en tant qu’homme, je n’ai rien. On voudrait voir affluer à l’homme tous les biens, uniquement parce qu’il a le titre « d’homme ». Mais Moi, c’est sur Moi que je mets l’accent et non sur l’homme que je suis.

L’homme est quelque chose comme ma qualité (ma propriété), de même la virilité, la féminité. L’idéal des anciens fut d’être homme au sens absolu du mot ; leur vertu c’est virtus ou αρητη, c’est à dire virilité. Que penser d’une femme qui ne voudrait être qu’absolument « femme ». La chose n’est pas donnée à toutes et plus d’une s’imposerait ainsi une tâche impossible. Au contraire, elle est dans tous les cas féminine par sa nature même, la féminité est sa qualité et elle n’a pas besoin de la « pure féminité ». Je suis homme absolument comme la terre est une étoile. Il serait aussi ridicule d’imposer à la terre d’être une « étoile véritable » que de me charger de la mission d’être un homme véritable.

Quand Fichte dit : « Le moi est tout » cette parole paraît absolument en harmonie avec tout ce que j’avance. Seulement, le moi n’est pas tout mais il détruit tout, et c’est seulement le moi qui se résout soi-même, le moi qui n’est jamais à venir, le moi fini, qui est seul réel. Fichte parle du moi « absolu » mais je parle de moi, du moi périssable.

Les conceptions homme et moi paraissent bien près d’être la même chose, cependant on voit, dans Feuerbach par exemple, que l’expression « homme » doit caractériser le moi absolu, l’espèce, non le moi périssable, individuel. Égoïsme et humanité devraient signifier la même chose, mais d’après Feuerbach, l’être