Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/270

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Si vous restez sur le terrain du droit, vous en restez à la chicane de basoche[1]. On peut ne pas vous faire droit, ne pas vous « rendre justice ». Celui qui a la force a le droit ; si vous n’avez pas l’une, vous n’avez pas non plus l’autre. Cette sagesse est-elle difficile à atteindre. Voyez donc les puissants de la terre, ce qu’ils font ? Naturellement nous ne parlons ici que de la Chine ou du Japon. Cherchez donc un peu, Chinois et Japonais, à ne pas leur faire droit, et vous verrez comme ils vous jetteront aux fers. (N’allez pas confondre par là les conseils bien intentionnés qui — en Chine et au Japon — sont permis, parce qu’au lieu d’être une entrave à la force, ils la favorisent, au contraire, autant qu’il est possible). Celui qui voudrait leur donner tort n’aurait qu’une voie ouverte devant lui, celle de la force. Si, par elle, il a pu enlever la leur, alors il leur a donné réellement tort, il leur a fait perdre leur droit ; autrement, il n’a qu’à serrer silencieusement les poings, à moins que, fou présomptueux, il ne se rue au sacrifice.

Bref, Chinois et Japonais, ne réclamez pas le droit, et surtout ne réclamez pas « le droit qui vous est inné » vous n’avez pas besoin non plus de réclamer les droits bien acquis ?

Vous reculez effrayés devant les autres parce que vous croyez voir près d’eux l’ombre du droit, qui comme dans les combats homériques paraît combattre à leurs côtés comme une déesse auxiliaire. Que faites-vous ? Lancez-vous votre javelot ? Non, vous rampez tout autour pour chercher à gagner à votre cause le spectre et le persuader de combattre à vos côtés : vous

  1. « Je t’en prie, épargne mes poumons ! Celui qui veut avoir le droit pour lui, et a seulement une langue, l’aura certainement ».