Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/271

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briguez les faveurs d’un fantôme. Un autre demanderait simplement : Est-ce que je veux ce que veut mon adversaire ? « Non ! » Eh bien ! que mille Dieux ou diables combattent pour lui, je fonds dessus !

« L’État légal » comme nous le montre entre autres la Gazette de Voss, demande que les fonctionnaires ne puissent être destitués que par le juge, non par l’administration. Vaine illusion ! Si la loi décide qu’un fonctionnaire qu’on a vu ivre doit perdre sa place, le juge devra le condamner sur le dire de témoins, etc. Bref, le législateur devra donc indiquer très exactement tous les cas entraînant la perte de la place, si ridicules qu’ils puissent être (par exemple, celui qui rit au nez de son supérieur, qui ne va pas tous les dimanches à la messe, qui ne va pas tous les mois communier, qui fait des dettes, qui a de mauvaises fréquentations, qui manque d’initiative, etc., doit être destitué. Le législateur pourrait encore confier le règlement de ces choses à un tribunal d’honneur), ainsi le juge aurait uniquement à rechercher si le prévenu s’est rendu coupable de cette faute et, la preuve obtenue, n’aurait plus uniquement qu’à prononcer « par les voies légales » la destitution.

Le juge est perdu s’il cesse d’être mécanique, s’il n’est plus « soutenu par les règles établies pour obtenir la preuve », car s’il a encore une opinion, comme les autres, et s’il décide d’après cette opinion, ce n’est plus un acte administratif ; comme juge il ne peut prendre une décision que suivant la loi : aussi louerai-je les vieux parlements français qui voulaient rechercher eux-mêmes ce qui devait être le droit et ne codifier que ce qu’ils trouvaient conforme à leur opinion propre. Ils jugeaient du moins suivant leur droit propre et ne voulaient pas s’abandonner jusqu’à n’être que des machines