Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/272

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du législateur, bien que, comme juges, ils ne fussent que des machines mises en action par eux-mêmes.

On dit que la peine est le droit du criminel. Seulement l’impunité est aussi son droit. Si son entreprise lui réussit, c’est justice, si elle ne lui réussit pas, c’est encore justice. Comme on fait son lit, on se couche. Si quelqu’un se précipite follement dans les dangers et y périt, nous disons bien, il a son droit, c’est-à-dire il a ce qu’il mérite, il n’a pas voulu autre chose. Mais s’il triomphait des dangers, c’est-à-dire si la force triomphait, il aurait aussi son droit. Si un enfant joue avec un couteau et se coupe, il a ce qu’il mérite ; mais s’il ne se coupe pas, il a encore ce qu’il mérite. Par suite on fait droit au criminel en lui faisant souffrir ce qu’il a risqué ; pourquoi aussi risquait-il quand il connaissait les conséquences possibles ! Mais la peine que nous suspendons au-dessus de sa tête est notre droit et non le sien. Notre droit réagit contre le sien, et « il n’est pas dans le droit » — parce que nous avons le dessus.




Mais ce qui est juste, ce qui est de droit dans une Société vient aussi en expression dans la loi ; quelle que soit la loi, elle doit être respectée — par le citoyen loyal ; on vante sous ce rapport le sens légal de la vieille Angleterre. Cette parole d’Euripide y correspond absolument : « Nous servons les Dieux quels qu’ils puissent être. » La loi par dessus tout, Dieu par dessus tout, voilà où nous en sommes aujourd’hui.

On s’efforce de distinguer la loi de l’ordre arbitraire, d’une ordonnance : elle serait issue d’une