Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/273

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autorité reposant sur le droit. Seulement une loi concernant des actes humains (loi morale, loi d’État, etc.), est toujours une déclaration de volonté, par conséquent un ordre. Oui, même si je ne donnais la loi qu’à moi-même, ce ne serait cependant que mon propre ordre auquel dans l’instant suivant je puis refuser l’obéissance.

— Chacun peut bien déclarer ce qu’il entend consentir et par conséquent s’interdire le contraire par une loi, et traiter l’infracteur comme son propre ennemi ; personne n’a à commander mes actions, personne n’a à me prescrire ma manière d’agir ni à me donner les lois de mes actes. J’accepte qu’un homme me traite en ennemi, mais non qu’il se serve de moi comme de sa créature, et qu’il fasse de sa raison et de sa déraison ma règle de conduite.

Les États ne durent qu’autant qu’il y a une volonté souveraine et que cette volonté souveraine est considérée comme équivalente à la volonté propre. La volonté du maître est loi. Que te servent tes lois si personne ne les suit, tes ordres si personne ne se laisse commander ? L’État ne peut abandonner la prétention de déterminer la valeur de l’individu, de spéculer et de compter sur elle. Pour lui, il est absolument nécessaire que personne n’ait une volonté propre : si un individu avait une volonté propre, l’État devrait l’exclure (la prison, le bannissement, etc.) Si tous avaient une volonté propre, ils aboliraient l’État. L’État ne peut être conçu sans domination et sans servitude, car il doit vouloir être le maître de tout ce qu’il contient, et l’on nomme cette volonté « la volonté de l’État. »

Celui qui, pour subsister, doit compter sur le manque