Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/328

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adhérant, en entrant dans son cercle, on contracte avec lui une association qui dure tant que le parti et moi poursuivons un seul et même but. Mais si aujourd’hui j’en suis encore les tendances, il se peut que demain je les abandonne et lui sois « infidèle ». Pour Moi le parti n’a rien d’astreignant (d’obligatoire) et je ne le respecte pas ; s’il ne me convient plus, je lui fais la guerre.

Dans tout parti qui tient à soi et à son existence, les membres sont assujettis ou mieux, privés de vie propre, d’égoïsme, dans la mesure où ils servent ses désirs. L’indépendance du parti suppose la dépendance de ses membres.

Un parti ne peut jamais, de quelque nature qu’il soit, se passer d’une profession de foi. Car ses adhérents doivent croire au principe du parti ; ce principe ne peut être contesté par eux et mis en question, il doit être pour chaque membre la chose certaine, indubitable ; c’est-à-dire que l’on doit appartenir au parti corps et âme, autrement on n’est pas véritablement homme de parti, mais égoïste plus ou moins. Aie un doute sur le christianisme, tu n’est déjà plus un vrai chrétien, tu as eu « l’impudence » de questionner sur ce sujet, de citer le christianisme au tribunal de ton égoïsme, tu as péché contre le christianisme, la cause de ton parti (car il n’est pas la cause d’un autre parti, des juifs, par exemple) ; mais je te félicite si tu ne te laisses pas effrayer ; ton impudence t’aidera à affirmer ton individualité.

Ainsi un égoïste ne pourrait jamais adhérer à un parti ou prendre parti ? Si pourtant, sauf qu’il ne peut pas se laisser prendre et accaparer par le parti. Le parti n’est toujours pour lui qu’une partie, il est de la partie, il y prend part.