Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/329

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Le meilleur État est évidemment celui qui a les citoyens les plus loyaux ; plus l’esprit de dévouement à la légalité se perd, plus l’État, système de morale, vie morale par excellence, est réduit en force et en bonté. Le bon État disparaît avec les « bons citoyens » et se résout en dérèglement, en anarchie. « Respect à la loi ! » La loi est le ciment qui fait de l’État un tout cohérent. « La loi est sacrée et celui qui la viole est un criminel. » Sans crime pas d’État. Le monde moral, et c’est l’État, est rempli de coquins, de fourbes, de menteurs, de voleurs, etc. Comme l’État est « la domination de la loi », qu’il en est la hiérarchie, il en résulte que l’égoïste dans tous les cas où son intérêt va à l’encontre de celui de l’État, ne peut se satisfaire que par la voie du crime.

L’État ne peut abandonner la prétention que ses lois et ses ordres ne soient sacrés. L’individu aux yeux de l’État, c’est le profane (barbare, homme naturel, égoïste), l’Église le considérait autrefois de la même façon ; aux yeux de l’individu, l’État se nimbe de sainteté. Ainsi il publie une loi sur le duel. Deux individus qui sont d’accord pour jouer leur vie pour une cause (peu importe laquelle) ne doivent pas le pouvoir parce que l’État ne le veut pas : il établit des pénalités à cet égard. Où reste alors la liberté de détermination personnelle ? Il en est tout autrement quand, comme en Amérique, la Société se décide à laisser les duellistes supporter certaines conséquences fâcheuses de leurs actes, par exemple, la perte du crédit acquis jusque-là. Refuser le crédit est l’affaire de chacun et quand une Société le retire pour telle ou telle raison, celui qui est le frappé ne peut se plaindre d’un préjudice causé à la liberté. La Société ne fait précisément que sa