Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/374

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affaire, non la mienne. » Maintenant donc, il faut que notre cause arrive et ne nous laissons pas chaparder par les riches les moyens que nous avons de réaliser ce que nous valons. « Mais gens incultes, vous n’avez pas tant de besoins ! » Eh bien ! nous prenons un peu plus afin de pouvoir nous procurer l’éducation qui nous manque. « Mais si vous ruinez les riches, qui donc soutiendra les arts et les sciences ? » Ce sera la masse ; si nous cotisons, elle donnera une jolie petite somme, au surplus, à l’heure actuelle, vous employez vos richesses à vous offrir les livres les plus ineptes ou de ridicules tableaux de sainteté ou des jambes de danseuses. « Ô misérable égalité ! » Non, mon bon vieux maître, pas d’égalité. Nous ne voulons qu’être pris pour ce que nous valons, et si vous valez plus, vous serez estimés plus. Nous voulons simplement valoir notre prix et nous ne pensons qu’à nous montrer dignes du prix que nous nous paierez.

L’État peut-il éveiller chez le valet de ferme un courage aussi sûr et un sentiment personnel aussi fort ? Peut-il faire que l’homme se sente soi-même, peut-il même s’imposer un tel but ? Peut-il vouloir que l’individu reconnaisse et réalise sa propre valeur. Disjoignons cette double question et examinons d’abord si l’État peut faire quelque chose de semblable ! L’unanimité des valets de ferme étant exigée, c’est cet accord unanime seul qui agira, car une loi d’État serait mille fois éludée soit par la concurrence, soit secrètement. Mais peut-il tolérer cela ? Il est impossible qu’il supporte que les gens soient contraints par d’autres que lui, aussi ne permettra-t-il plus le self-help des garçons de ferme d’accord contre ceux qui veulent s’employer pour un salaire moindre. Supposons pourtant