Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/453

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ger l’État, être enfin des sujets obéissants ; c’est pourquoi, parce que c’était concevable, on en concluait que c’était possible, on allait plus loin, comme c’était possible aux hommes (ici est l’artifice : parce que cela m’est convenable à moi, c’est possible aux hommes) c’était leur vocation et enfin c’est seulement d’après cette vocation, c’est seulement comme appelés qu’il faut prendre les hommes, « non comme ils sont, mais comme ils sont appelés à être ».

Et quelle est la conclusion dernière ? Ce n’est pas l’individu qui est l’homme, mais une pensée, un idéal à l’égard duquel l’individu n’est pas même dans le rapport de l’enfant à l’homme ; il est à cet idéal comme un point fait à la craie au point idéal, ou comme une créature périssable au créateur Éternel, ou, en prenant un point de vue plus moderne, comme le spécimen de l’espèce. Ici donc apparaît en apothéose l’humanité, « l’éternelle », « l’immortelle », en honneur de laquelle (in majorem humanitatis gloriam) l’individu doit faire abnégation de soi. Il doit trouver sa gloire immortelle à avoir fait quelque chose pour « l’esprit humain »

Ainsi ceux qui pensent dominent le monde tant que dure l’époque des frocards et des maîtres d’école ; ce qu’ils pensent est possible, mais ce qui est possible doit être réalisé. Ils conçoivent un idéal humain qui pour le moment n’est réel que dans leur pensée ; mais ils pensent aussi à la possibilité de son exécution et il est incontestable que l’exécution est réellement concevable, elle est une idée.

Mais moi, toi, nous, nous pouvons être des gens qu’un Krummacher s’imaginera pouvoir encore ramener à « la vraie foi » ; si pourtant il voulait nous « travail-