Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/462

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monde la raison, on veut trouver en lui la Sainteté ; on trouvera tout cela. « Cherchez et vous trouverez ». Je détermine ce que je veux chercher : je veux par exemple chercher dans la Bible mon édification : je dois l’y trouver ; je veux lire et étudier la Bible à fond, il en résultera pour moi une connaissance et une critique approfondies… dans la mesure de mes forces. Je choisis ce qui correspond à mon tempérament, et, choisissant, je me montre volontaire.

Il s’ensuit que tout jugement que je porte sur un objet est la créature de ma volonté et de cette considération en découle un autre, c’est que je ne me perds pas dans ma créature, le jugement, mais que je reste le créateur, le juge qui constamment crée. Tous les prédicats des objets sont mes affirmations, mes jugements, mes créatures, s’ils veulent se détacher de moi pour devenir quelque chose en soi ou même m’en imposer, je n’ai rien de plus pressé que de les rappeler dans leur néant, c’est-à-dire en moi leur créateur. Dieu, Christ, la Sainte Trinité, la morale, le bien, etc., sont des créations de ce genre et je ne me permets pas seulement de dire d’elles qu’elles sont des vérités, mais aussi qu’elles sont des illusions. De même que j’ai voulu et décrété un jour leur existence, je veux aussi pouvoir vouloir leur non-existence. Je ne peux pas les laisser croître au-dessus de moi, je ne peux avoir la faiblesse de laisser naître d’elles quelqu’absolu par où elles seraient rendues éternelles et soustraites à mon pouvoir et à ma détermination. Je tomberai ainsi dans le principe de stabilité, le principe propre de la religion qui crée des « saintetés inviolables », « d’éternelles vérités », bref un « très saint » et t’enlève ce qui est tien.