Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/490

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a pas de sentiment sacré de l’amitié, de sentiment maternel sacré, etc.), aucune foi n’est sacrée. Tout cela est inaliénable, ma propriété inaliénable, et peut être anéanti comme créé par moi.

Le chrétien peut perdre toutes choses, ou objets, les personnes les plus aimées, les « objets » de son amour, sans se considérer soi, c’est-à-dire au sens chrétien son esprit, son âme comme perdu. Le propriétaire peut rejeter loin de soi toutes les pensées qui étaient chères à son cœur et enflammaient son zèle, il les gagnera de même de mille façons, parce que lui, leur créateur demeure.

Inconsciemment et involontairement nous tendons tous à l’individualité, et il sera difficile d’en trouver un parmi nous qui n’ait abandonné un sentiment sacré, une pensée sacrée, une foi sacrée et nous ne rencontrons même personne qui ne pourrait encore se délivrer de telle ou telle de ses pensées sacrées. Toute notre lutte contre les convictions a pour origine l’opinion que nous sommes capables de chasser notre adversaire des pensées où il se retranche. Mais ce que je fais inconsciemment, je le fais à moitié ; c’est pourquoi, après toute victoire sur une foi, je deviens de nouveau le prisonnier (possédé) d’une autre, qui prend tout mon moi à son service ; je deviens fanatique de la raison après que mon zèle pour la Bible a cessé, je m’enflamme pour l’idée d’humanité, après avoir assez longtemps combattu pour celle de chrétienté.

Certes comme propriétaire des pensées, je mettrai autant d’ardeur à couvrir ma propriété du bouclier, que j’en déploie comme propriétaire des choses à ne pas les laisser attaquer par quiconque ; mais je considérerai souriant l’issue du combat, souriant je placerai