Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/492

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n’auraient pas cousu une nouvelle loque sur des haillons usés. Mais ils ne pouvaient agir autrement, car ils tiennent pour leur tâche d’être « hommes ». Ils se sont affranchis des « bons[1] », mais le bien est resté !

Nous sommes tous parfaits et sur toute la terre il n’y a pas un homme qui soit pécheur. Il y a des fous qui s’imaginent être Dieu le père, Dieu le fils ou un habitant de la lune ; de même ce monde fourmille de sots qui s’imaginent être pécheurs et qui ne le sont pas plus que cet autre n’est habitant de la lune. Leur péché est une imagination.

Mais, objecte-t-on insidieusement, leur folie ou leur possession est du moins un péché ! Leur possession n’est pas autre chose que ce qu’ils sont parvenus à atteindre ; elle est le résultat de leur développement, comme la foi de Luther en la Bible fut précisément tout ce qu’il put trouver. À l’un son développement lui procure la maison des fous, à l’autre le Panthéon et l’approche du Walhalla.

Il n’y a pas de pécheur ni d’égoïsme pécheur !

Laisse-moi tranquille avec ton « amour des hommes » ! Insinue-toi, toi, l’ami des hommes, dans les « cavernes du vice », arrête-toi un instant dans le tourbillonnement de la grande ville ; ne trouveras-tu pas partout péchés sur péchés et encore péchés ? Ne gémiras-tu pas sur l’humanité corrompue, ne déploreras-tu pas l’égoïsme monstrueux ? Verras-tu un riche sans le trouver impitoyable et « égoïste » ? Peut-être te dis-tu athée, mais tu restes fidèle à ce sentiment chrétien qu’un chameau passera par le trou d’une aiguille avant qu’un riche ne soit pas un « non-homme ». En somme, combien en vois-tu que tu ne rejetterais pas dans « la

  1. Au sens évangélique du mot.