Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/493

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masse égoïste » ? Ainsi qu’a donc trouvé son amour des hommes ? Rien que des hommes indignes d’être aimés ! Et d’où sortent-ils tous ? De toi, de ton amour des hommes. Tu as apporté le pécheur avec toi, dans ta tête, c’est pourquoi tu l’as trouvé, c’est pourquoi tu l’as fourré partout. N’appelle pas les hommes pécheurs, ils ne le sont : toi seul est le créateur des péchés. Toi qui t’imagines aimer les hommes, c’est précisément toi qui les jette dans la boue du péché, c’est toi qui les sépare en vicieux et vertueux, en hommes et non-hommes, c’est toi qui les souille de la bave de ta possession ; car tu n’aimes pas les hommes, mais l’Homme. Mais moi je te le dis, tu n’as jamais vu un pécheur, tu l’as seulement rêvé.

Je suis détourné de ma jouissance personnelle, parce que je crois devoir servir un autre, que je me crois appelé au « sacrifice », à « l’abnégation », à « l’enthousiasme ». Eh bien ! si je ne sers plus aucune idée, aucun « être supérieur », il va de soi que je ne sers plus aussi aucun homme mais, en toute circonstance, moi. Ainsi, non seulement en fait ou en être, mais aussi pour ma conscience, je suis l’Unique.

Il t’échoit en partage plus que le divin, plus que l’humain ; il te revient ce qui est tien.

Considère-toi comme plus puissant que tu ne l’es aux yeux des autres et tu as plus de puissance ; considère-toi comme étant plus et tu as plus.

Tu n’es pas uniquement appelé à ce qui est divin, tu n’as pas seulement droit à ce qui est humain, mais tu es propriétaire de ce qui est tien, c’est-à-dire de tout ce que tu possèdes la force de t’approprier, en d’autres termes tu es approprié et habilité à tout ce qui est tien.