Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/106

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phiques de l’histoire primitive du christianisme. Puisque de cette façon, dit Gabler en terminant, l’idée du mythe trouve son application dans plusieurs récits du Nouveau Testament, pourquoi ne pas oser nommer la chose par son vrai nom ? pourquoi éviter, dans les discussions scientifiques bien entendu, une expression qui ne peut scandaliser que les gens à préjugés ou mal informés ?

Sur le terrain de l’Ancien Testament, Eichhorn avait été par la force des choses, ramené de sa première explication naturelle de la chute d’Adam à l’explication mythique ; sur le terrain du Nouveau Testament, il en fut de même de l’histoire de la tentation de Jésus pour Usteri. Cet écrivain, à l’exemple de Schleiermacher, l’avait conçue, dans un premier travail[1], comme une parabole racontée par Jésus et mal comprise par ses disciples. Mais il vit bientôt les difficultés de la concevoir ainsi ; et comme il repoussait encore davantage l’explication surnaturelle et l’explication naturelle de ce récit dans leurs diverses nuances, il ne lui restait plus qu’à en venir au point de vue mythique ; ce qu’il fit en effet avec beaucoup de force dans un écrit postérieur[2]. Quand une fois, remarque-t-il dans ce dernier travail, une émotion, et une émotion religieuse, s’est élevée parmi les esprits et chez un peuple qui n’est pas dénué de facultés poétiques, alors il ne faut que peu de temps pour que non seulement des faits cachés et secrets, mais aussi des faits patents et connus, se revêtent de l’apparence du merveilleux. Il n’est, suivant lui, aucun moyen de concevoir que les premiers chrétiens, recrutés parmi les Juifs, animés par l’esprit, c’est-à-dire par l’inspiration religieuse, et familiers avec l’Ancien Testament, n’aient pas été en état d’imaginer des scènes symboliques, comme l’histoire de la tentation et

  1. Sur Jean-Baptiste, le baptême de Jésus et sa tentation, dans Ullmann’s u. Umbreit’s theol. Studien u. Kritiken, 2, 3, S. 456 ff.
  2. Essai sur l’explication du récit de la tentation, ibid., 1832, 4. Heft.