Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/110

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Kaiser, lui qui se plaint que tant d’explications naturelles soient si peu naturelles, assure cependant que ce serait ne voir qu’un côté des choses que de vouloir interpréter tout le merveilleux du Nouveau Testament d’une seule et unique manière ; et, à l’aide de cette remarque, il laisse subsister l’explication naturelle à côté de l’explication mythique. Pour peu que l’on reconnaisse, dit-il, que le vieil auteur a voulu raconter un miracle, l’explication naturelle devient souvent alors admissible : elle est tantôt physique, comme dans le lépreux, dont Jésus prévit sans doute le prochain rétablissement ; tantôt psychologique, la renommée de Jésus et la confiance en lui ayant eu, chez plusieurs malades, la plus grande part à la guérison ; tantôt aussi il faut faire entrer le hasard en ligne de compte, dans le cas où, par exemple, des individus étant revenus spontanément d’un état de mort apparente en présence de Jésus, il aura été regardé comme l’auteur du phénomène. Mais, dans d’autres miracles, il faut, d’après Kaiser, employer l’explication mythique ; seulement, ici aussi, il accorde au mythe historique beaucoup plus de place qu’au mythe philosophique. La plupart des miracles de l’Ancien et du Nouveau Testament sont, suivant lui, des événements réels, parés d’embellissements mythiques : par exemple, le récit de la pièce d’or dans la gueule du poisson, celui du changement de l’eau en vin, miracle dont il suppose l’histoire fondée primitivement sur une plaisanterie amicale de Jésus. Selon lui encore, il y a peu de fictions conçues purement d’après les idées juives, et dans cette catégorie il range la naissance miraculeuse de Jésus, le massacre des Innocents, et quelques autres[1].

Gabler fit particulièrement remarquer la méprise où l’on tombait en traitant comme historique plus d’un mythe philosophique, et en admettant ainsi des choses qui ne sont

  1. Kaiser’s biblische Theologie, 1. Thl., S. 194 ff., 1813.