Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/113

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qui en effet est fort difficile, traitent tous les mythes que l’on rencontre dans l’histoire évangélique comme autant de mythes philosophiques, en ce sens du moins qu’ils renoncent à toute tentative d’en extraire le résidu historique. C’est cette dernière direction exclusive que l’on a cru trouver dans ma critique de la vie de Jésus ; en conséquence, plusieurs de ceux qui ont jugé cet ouvrage ont eu, à maintes reprises, l’occasion d’appeler l’attention sur les diverses proportions, entre l’historique et l’idéal, que le mythe présente dans son domaine spécial : la religion païenne et l’histoire primitive ; il est bien entendu que dans le domaine de l’histoire primitive du christianisme, supposé que l’idée du mythe y soit admise, la proportion de l’historique sera beaucoup plus forte. Ullmann non seulement distingue un mythe philosophique et un mythe historique, mais encore il sépare du mythe historique, dans lequel la libre fiction prédomine toujours, l’histoire mythique, où l’élément historique, quoique fondu dans l’élément idéal, a la prépondérance. Quatrièmement enfin, il admet une histoire avec des éléments légendaires ; c’est là, à proprement parler, le terrain historique sur lequel on n’entend plus que quelques échos lointains de la fiction mythique. Mais, dit Ullmann, l’expression de mythe, imaginée originairement pour un tout autre système religieux, cause inévitablement de la répulsion et de la confusion quand on l’applique au système religieux chrétien ; en conséquence, il ajoute (et en ceci Bretschneider, entre autres, lui donne son assentiment), qu’il serait plus convenable de ne parler, dans l’histoire primitive du christianisme, que de légendes évangéliques et d’éléments légendaires[1].

  1. Ulmann, Examen de mon livre sur la vie de Jésus, dans Theol. Studien u. Kritiken, 1836, 3, S. 783 ff. Comparez le jugement de Müller sur le même ouvrage, ibid., S. 839 ff. ; Tholuck, Glaubwürdigkeit, S. 54 ff. ; Bretschneider, Explication sur la conception mythique du Christ historique, Allg. KZtg., juillet 1837, S. 860 f.