Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/121

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toute vraisemblance, mort depuis longtemps au moment où Luc résidait avec Paul à Jérusalem et à Césarée et écrivait son évangile, et ajoutant que, si l’on en admettait autant pour Marie, il ne resterait plus que des témoins de seconde main[1]. Eh bien, le même auteur a essayé, en un autre endroit, de rendre vraisemblable que Marie était encore en vie à cette époque et avait pu parler non seulement à Matthieu, mais à Luc[2] ; dans cette supposition, les deux évangélistes avaient, pour l’histoire de l’enfance aussi, la source la plus immédiate, et l’on n’est plus autorisé à faire, quant à la crédibilité, une différence entre les parties antérieures et les parties subséquentes de l’histoire de Jésus. Au contraire, quand on se place dans l’hvpothèse que les évangiles ont été rédigés tardivement, à une époque où il n’était plus possible d’interroger des témoins de son enfance, il n’y a pas à méconnaître la distinction par rapport à la possibilité extrinsèque de mythes. En admettant, comme l’enseignent les Actes des Apôtres, 1, 22, que, dans le début, la communauté chrétienne n’attachait aucune importance aux événements avant le baptême, et que par conséquent on se mit peu en quête des sources, tant qu’elles durèrent, relatives à cet intervalle, nous comprenons qu’il y eut danger, quand on voulut avoir des renseignements sur ce point aussi, de saisir des éléments mythiques ; danger bien plus grand que pour la vie publique de Jésus, sur laquelle on eut plus de sources et plus longtemps et pour laquelle dès le commencement la recherche des renseignements fut plus active. Quant à la terminaison de la vie de Jésus, son ascension au ciel, Tholuck est obligé, en tout cas, de renoncer à une telle distinction, et il déclare avec raison que, si la garantie des témoins oculaires est trop faible pour soutenir la pierre angulaire, on ne voit pas comment elle serait en état de donner de la sûreté au reste de l’édifice.

  1. Tholuck, S. 208.
  2. Tholuck, S. 152.