Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/126

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divers côtés[1]. Les uns, comme Steudel, rejetaient absolument la conception mythique des récits bibliques et insistaient sur la conservation du point de vue strictement historique, et cela dans le sens surnaturaliste. D’autres, comme Meyer, ne voulaient écouter De Wette qu’en admettant les réserves de Vater, qui avait du moins laissé toute latitude aux tentatives pour dégager, hors du vêtement mythique, des données historiques, ne fussent-elles que vraisemblables. Si le caractère singulier et irrationnel de maints récits qui sans doute ne seraient jamais venus à l’imagination de personne ; si l’irrégularité et les lacunes de la narration et d’autres motifs ne permettent pas de méconnaître un fonds historique dans le Pentateuque, il convient de faire des essais modestes et mesurés pour déterminer ce fonds dans chaque cas particulier, au moins d’une manière approximative. On ne retombera pas dans l’absurdité des explications naturelles, selon Meyer, si l’on prend les précautions suivantes pour le mythe historique (précautions qui, loin de remplir l’intention de l’auteur, montrent de nouveau combien il est difficile d’éviter cette rechute). 1° On séparera ce qui tout d’abord a le caractère du mythe, par opposition à l’histoire, le miracle, l’extraordinaire, l’intervention immédiate de Dieu, et aussi la téléologie religieuse du narrateur. 2° On ira du simple au composé, on prendra pour modèle un cas où, le récit étant double, la chose est présentée dans l’un d’une façon merveilleuse, dans l’autre d’une façon naturelle, par exemple le choix des anciens par Moïse, donné comme inspiration de Jehovah, 4. Mos. 11, 16, et comme conseil de Jethro, 2. Mos. 18, 14. D’après cette mesure,

  1. Particulièrement dans les écrits : Meyer, Apologie der geschichtlichen Auffassung der historischen Bücher des A. T. besonders des Pentateuchs, im Gegensatz gegen die bloss mythische Deutung des letztern ; Fritzsche, Prüfung der Gründe, mit welchen neuerlich die Aechtheit der Bücher Mosis bestritten worden ist ; Kelle, vorurtheilsfreie Würdigung der mosaischen Schriften. Comparez les recensions de Steudel, dans Bengel’s Archiv, 1, 1, p. 113, 228, 244.