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Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/13

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des médecins ; auprès de ses amis, auprès du public, il ne serait qu’un homme d’une intelligence lésée ; cette croyance lui nuirait, bien loin de le soutenir ; ses autres facultés, quelque intactes qu’elles restassent, ne suffiraient pas pour le défendre, et l’halluciné, au lieu de voir son influence agrandie, comme jadis, par cet état pathologique, la verrait amoindrie, annulée en raison du milieu où il se trouverait placé.

En rejetant le miracle, l’âge moderne n’a pas agi de propos délibéré, le voulant et le cherchant, car il en avait reçu la tradition avec celle des ancêtres toujours si chère et si gardée, mais sans le vouloir, sans le chercher et par le fait seul du développement dont il était l’aboutissant. Une expérience que rien n’est jamais venue contredire lui a enseigné que tout ce qui se racontait de miraculeux avait constamment son origine dans l’imagination qui se frappe, dans la crédulité complaisante, dans l’ignorance des lois naturelles. Quelque recherche qu’on ait faite, jamais un miracle ne s’est produit là où il pouvait être observé et constaté. Jamais, dans les amphithéâtres d’anatomie, et sous les yeux des médecins, un mort ne s’est relevé et ne leur a montré par sa seule apparition que la vie ne tient pas à cette intégrité des organes qui, d’après leurs recherches, fait le nœud de toute existence animale et qu’elle peut encore se manifester avec un cerveau détruit, un poumon incapable de respirer, un cœur inhabile à battre. Jamais, dans les plaines de l’air, aux yeux des physiciens, un corps pesant ne s’est élevé contre les lois de la pesanteur, prouvant par là que les propriétés des corps sont susceptibles de suspensions temporaires, qu’une intervention surnaturelle peut rendre le feu sans chaleur, la pierre sans pesanteur, et le nuage orageux sans électricité. Jamais,