Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les plus récents, par exemple ceux des Macchabées, et même les ouvrages de Josèphe, ne sont pas exempts de récits merveilleux et extravagants. Dans le fait, il n’y a pas de sentiment nettement historique tant que l’on ne comprend pas l’indissolubilité de la chaîne des causes finies et l’impossibilité des miracles. Cette compréhension, qui manque à tant d’hommes, même de notre temps, existait encore moins à l’époque dont il s’agit dans la Palestine, et, en général, dans l’empire romain parmi la grande masse. Si une conscience, dans laquelle la porte n’est pas fermée au merveilleux, est entraînée complètement par le torrent de l’exaltation religieuse, elle pourra trouver tout croyable ; et si cette exaltation s’empare d’une grande foule, une nouvelle faculté productrice s’éveillera, même chez le peuple le plus épuisé. Une telle exaltation n’avait pas besoin, pour naître, de miracles comme ceux qui sont racontés dans les évangiles ; et, pour en concevoir la production, il suffit de savoir quel était, à cette époque, l’appauvrissement religieux, appauvrissement si grand, qu’il inspirait aux esprits qui sentaient le besoin de la religion, du goût pour les formes de culte les plus extravagantes, et de se rappeler quelle énergique satisfaction religieuse s’offrait dans la croyance à la résurrection du Messie mort, et dans le fond même de la doctrine de Jésus.


§ XIV.


La possibilité de l’existence de mythes dans le Nouveau Testament
est prouvée par des raisons intrinsèques.

D’après ce qui vient d’être dit, on voit que les témoignages extrinsèques sur la rédaction de nos évangiles, loin de nous forcer à croire que ces livres aient été composés par des témoins oculaires, ou seulement par des personnes bien informées, sont absolument insuffisants pour décider un problème dont la solution ne dépend plus que des raisons