Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/191

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positive il faut se faire de ce récit pour la mettre à la place de l’idée qui a été renversée.


§ XVIII.


Explication naturelle du récit.

Le changement le plus léger que l’on pourrait introduire dans ce récit en séparant, d’après le principe des rationalistes, le fait simple du jugement qu’en ont porté les personnes intéressées ; le changement le plus léger, dis-je, serait que, tout en laissant subsister, comme chose réelle et indépendante de l’imagination, l’apparition de l’ange et le mutisme de Zacharie, on se contentât de les expliquer d’une manière naturelle. On s’en rendrait raison pour l’angélophanie, en supposant que ce fût un homme qui se montra à Zacharie, et qui dit réellement ce que celui-ci crut entendre, mais qui fut pris par le prêtre pour un messager céleste. Cette explication, vu les accessoires, est trop invraisemblable pour qu’on ne se sentît pas obligé de faire un pas de plus, de transformer la vision externe en une vision interne, et de transporter tout l’événement du terrain physique sur le terrain psychologique. L’opinion de Bahrdt fait une transition à cette opinion ; car, supposant que ce que Zacharie prit pour un ange peut avoir été un éclair[1], il attribue à l’imagination de Zacharie la plus grande partie de toute la scène. Mais jamais personne, dans un état mental ordinaire, ne créera, à la vue d’un simple éclair, une pareille série de discours et de réponses, il faudrait donc supposer un état mental particulier, et soit imaginer une défaillance causée par l’effroi de l’éclair[2], défaillance dont il n’y a aucune trace dans le texte, qui ne parle pas même d’une chute, comme dans les Actes des Apôtres, 9, 4 ; soit,

  1. Briefe über die Bibel im Volkstone (Ausg. Frankfurt und Leipzig, 1800), 1tes Bændchen, 6ter Brief, S. 51 f.
  2. Bahrdt, l. c., S. 52.