Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/194

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deux assertions également précaires et aussi peu scientifiques l’une que l’autre.

Mais, même de ce point de vue, le mutisme de Zacharie n’est expliqué que d’une manière très insuffisante ; car admettons, avec l’une des explications, que ce mutisme ait été produit par une attaque d’apoplexie ; la véritable difficulté n’est pas celle que Paulus prétend y trouver, à savoir, qu’un prêtre devenu muet aurait été obligé de cesser aussitôt ses fonctions, d’après 3 Mos., 21, 16 et suiv., et que néanmoins Zacharie (v. 23) ne quitta Jérusalem qu’à l’expiration de sa semaine de service ; car, ainsi que Lightfoot l’a déjà remarqué[1], la perte de la parole, survenue miraculeusement, quand même ce miracle n’aurait d’existence que dans l’imagination, ne peut être mise sur le même rang qu’un mutisme, effet d’un défaut naturel. Mais il fàut s’étonner, avec Schleiermacher[2], que Zacharie, malgré cette attaque d’apoplexie, retourne chez lui, plein, du reste, de santé et de vigueur, de sorte que, malgré cette paralysie partielle, il aurait conservé assez de force pour que son désir de postérité s’accomplît. Ce serait encore par une coïncidence toute particulière que, justement le jour de la circoncision de l’enfant, la langue du père se serait déliée ; car, si c’est là un effet de l’excès de la joie[3], cette joie aurait dû être plus grande le jour de la naissance que plus tard, lors de la circoncision, époque où Zacharie devait déjà être habitué à la possession de son enfant.

Suivant l’autre explication, Zacharie ne peut pas parler, non parce qu’il en est empêché physiquement, mais parce qu’il croit (persuasion qu’on explique psychologiquement) ne pas devoir parler ; or, cela est contraire au sens textuel de Luc ; car tous les passages que Paulus accumule pour

  1. Horæ hebr. et talmud., et Carpzov., p. 722.
  2. L. c., S. 26.
  3. On cite à ce sujet des exemples empruntés à Aulu-Gelle, 5, 9 ; et à Valère-Maxime, 1, 8.