Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/202

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détails[1]. De la même manière, Schleiermacher a déclaré que le premier chapitre, au moins, de Luc est une petite œuvre poétique, du genre de plusieurs fictions juives que nous trouvons encore dans les Apocryphes. Il ne veut pas, à la vérité, prononcer que tout y soit controuvé, et il pense qu’il peut y avoir, au fond, des faits et une tradition fort répandue ; et sur tout cela, le poëte a pris la liberté de rapprocher ce qui était éloigné, et de donner des formes précises au vague de la tradition ; en conséquence, il estime que l’effort pour y découvrir le fondement historique et naturel est un effort infructueux et inutile[2]. Horst a déjà conjecturé que ce morceau provenait d’un chrétien judaïsant ; et Schleiermacher aussi admet qu’il a été composé par un chrétien de l’école juive développée, dans un temps où il existait encore de purs disciples de Jean ; ce morceau avait pour but de les attirer au christianisme, en montrant que le rapport de Jean au Christ était sa destination propre, sa distinction la plus haute, et en rattachant en même temps au retour du Christ une glorification extérieure du peuple.

Une telle interprétation du morceau est la seule juste ; et cela est parfaitement clair, quand nous considérons de plus près les écrits de l’Ancien Testament auxquels cette histoire de l’annonciation et de la naissance de Jean-Baptiste est, comme la plupart des commentateurs le remarquent, semblable d’une manière frappante. Mais il ne faut pas se représenter (ce qui présentement sert de thème commode aux réfutations[3] de la conception mythique de ce paragraphe), il ne faut pas se représenter l’auteur comme feuilletant l’Ancien Testament et y recueillant un à un les traits épars. Non, ces traits, tels qu’ils s’y trouvent, relatifs à la naissance tardive de différents hommes remarquables, s’étaient

  1. Dans Henke’s Museum, 1, 4, S. 702 f.
  2. Ueber die Schriften des Lucas, S. 24 f. C’est ce que reconnaît aussi Hase, Leben Jesu, § 52 ; comparez avec le § 32.
  3. Par exemple, Hoffmann, S. 142.