Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’Ancien Testament, puisque Salmon, bisaïeul de Jessé, lequel Salmon est dit le mari de Rahab dans Matthieu, est, dans le livre de Ruth, 4, 20, aussi bien que dans Matthieu, fils d’un Naasson, qui, d’après 4 Mos., 1, 7, appartenait encore au temps de la traversée du désert[1] ; de là vint facilement l’idée d’unir le fils de Naasson avec cette Rahab qui avait sauvé les espions israélites (Jos., 2), et de faire entrer dans la famille de David et du Messie cette femme à laquelle l’Israélite patriote attachait une importance particulière. (Comparez Jac. 2, 25, Hebr. 11, 31.)

De plus nombreuses divergences se trouvent dans la ligne depuis David jusqu’à Zorobabel et son fils, c’est-à-dire dans la seconde série de quatorze, y compris les premiers termes de la troisième. 1° Tandis qu’ici, v. 8, il est dit : Joram engendra Ozias, Ἰωρὰμ ἐγέννησε τὸν Ὀζίαν, nous lisons dans 1 Paralip., 3, 11, 12, qu’Ozias était, non le fils, mais le neveu du fils de Joram ; que trois rois ont régné entre eux, à savoir, Ochosias, Joas et Amazias ; et que c’est à ce dernier que succède Ozias, 2 Paralip., 26, 1, ou Asarias, comme il est appelé, 1 Paralip., 3, 12, et 2 Rois, 14, 21. 2° Il est dit dans notre passage, v. 11 : Josias engendra Jéchonias et ses frères, Ἰωσίας δὲ ἐγέννησε τὸν Ἰεχονίαν καὶ τοὺς ἀδελφοὺς αὐτοῦ. Mais, d’une part, nous voyons, 1 Paralip., 3, 16, que le fils et successeur de Josias s’appela Joakim, et que ce fut seulement le fils et le successeur de ce Joakim qui s’appela Jéchonias ou Joachim, 2 Rois, 24, 6 ; 2 Paralip., 36, 8 ; d’une autre part, le passage de l’Ancien Testament ne nomme aucun frère de Jéchonias, à qui l’évangéliste attribue des frères ; c’est Joakim qui avait des frères : de sorte que la mention des frères de Jéchonias, par Matthieu, pourrait sembler pro-

  1. L’expédient de Kuinœl, Comm. in Matth., p. 3, qui veut distinguer la Rahab ici nommée de la célèbre Rahab, outre qu’il est complètement arbitraire, devient par là superflu.