Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/218

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cendait de ce roi, était Salomon ; d’après Luc, Nathan. De là, l’arbre généalogique de Matthieu descend par la ligne royale connue, celui de Luc par une ligne collatérale inconnue. Ces deux lignes ne concourent que dans Salathiel et Zorobabel, de telle sorte cependant qu’aussitôt elles diffèrent sur le père de Salathiel et sur le fils de Zorobabel. La différence entre les deux listes paraissant être une contradiction complète, on a été, de tout temps, occupé extraordinairement d’essais de conciliation. Sans parler d’expédients évidemment insuffisants, tels qu’une explication mystique[1] ou un changement arbitraire de noms[2], il s’est particulièrement formé sur ce point deux couples d’hypothèses ; et ces deux hypothèses de chaque couple s’appuient réciproquement, ou du moins ont des affinités l’une avec l’autre.

Le premier couple d’hypothèses est formé par la supposition de saint Augustin et par l’opinion de l’ancien chronologiste Julius Africanus. L’un imagine qu’il y a eu pour Joseph un état d’adoption, et que l’un des évangélistes donne le père réel, l’autre le père adoptif, avec leurs arbres généalogiques respectifs[3] ; l’autre admet qu’il y avait eu, entre les parents de Joseph, le mariage, voulu par la loi juive, d’un frère avec la veuve de son frère mort ; que l’un des arbres généalogiques appartenait au père naturel, et l’autre au père légal de Joseph ; et que Joseph descendait de la maison de David par l’un en suivant la ligne de Salomon, par l’autre en suivant la ligne de Nathan[4]. La première question qui se présente est de savoir laquelle des deux généalogies donne le père naturel, et laquelle le père légal, avec les arbres généalogiques correspondants. On

  1. Orig., Homil. in Lucam, 28.
  2. Luther, Œuvres, t. 14, édit. Walch., p. 8 et seq.
  3. De consensu evangelistarum, 2, 3 ; et parmi les modernes, par exemple, E. F. dans Henke’s Magazin, 5, 1, 180 f.
  4. Dans Eusèbe, H. E., 1, 7, et récemment, par exemple, Schleiermacher, Ueber den Lukas, S. 53.