Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/232

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est, dès sa première enfance, apportée dans le temple par ses parents, où, visitée, nourrie par des anges, et même honorée de visions divines, elle demeure jusqu’à sa douzième année. Devenue nubile, elle doit quitter le temple ; sa destination ultérieure est déterminée par un oracle rendu au grand-prêtre. Conformément à la prédiction d’Isaie, 11, 1, seq. : Egredietur virga de radice Jesse, et flos de radice ejus ascendet, et requiescet super eum spiritus Domini, cet oracle ordonna que tous les célibataires appartenant à la famille de David, en âge de se marier, d’après un des apocryphes[1], ou tous les veufs dans le peuple, d’après l’autre apocryphe[2], apportassent leur bâton, et que celui sur le bâton duquel (comme sur le bâton d’Aaron, 4 Mos., 17) un signe se manifesterait, à savoir, le signe annoncé dans le message d’Isaïe, épousât Marie. Ce signe se manifesta sur le bâton de Joseph : une fleur, comme il est dit dans la prophétie, y parut, et une colombe se posa sur le bout[3]. Joseph, d’après les apocryphes et les Pères de l’Église, était déjà vieux[4]. Mais il y a une différence entre l’Évangile de la nativité de Marie et le Protévangile de Jacques : d’après le premier, malgré le vœu de chasteté opposé par Marie, et malgré le refus de Joseph en raison de son grand âge, il y eut entre eux, sur l’ordre du grand-prêtre, des fiançailles réelles, et plus tard un mariage qui, dans l’esprit de l’écrivain, resta chaste sans aucun doute. Dans le Protévangile, au contraire, il n’est question, dès le commencement, ni de fiançailles ni de mariage, et il ne paraît s’agir que de la garde de la vierge par Joseph[5] ; celui-ci même,

  1. Evangel. de nativ. Mar., c. 7 : Cunctos de domo et familia David nuptui habiles, non conjugatos.
  2. Protev. Jac., c. 8 : Τοὺς χηρεύοντας τοῦ λαοῦ.
  3. Cela est ainsi dans l’évangile de la nativité de Marie, c. 7 et 8 ; un peu autrement dans le Protévangile de Jacques, c. 9.
  4. Protev., c. 9 : âgé, πρεσϐύτης. Evangel. de nativ. Mariæ, 8, grandævus. Epiphan., Adv. hæreses, 78, 8 : Il épouse Marie, veuf, et âgé, de plus de quatre-vingts ans : Λαμϐάνει τὴν Μαρίαν χῆρος, κατάγων ἡλικίαν περί που ὀγδοήκοντα ἐτῶν καὶ πρόσω ὁ ἀνήρ.
  5. Παρέλαϐε ἀυτὴν εἰς τήρησιν σεαυτῷ, c. 9. Comp. Evang. de nat. Mar., c. 8 et 10.