Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/238

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a guère d’autre parti à prendre qu’à se réfugier dans le merveilleux et l’incompréhensible. Les efforts que des théologiens modernes, supranaturalistes aussi, ont tentés pour expliquer le silence de Marie à l’égard de Joseph, et même pour y trouver un trait excellent de caractère, sont des efforts aussi téméraires que malheureux pour faire de nécessité vertu. D’après Hess[1], il dut en coûter beaucoup à Marie pour taire à Joseph la communication de l’ange, et il faut considérer cette retenue, dans une affaire connue seulement d’elle et du ciel, comme un signe de sa grande confiance en Dieu. Ce n’est pas en vain, s’est-elle dit en elle-même, que seule j’ai eu cette apparition ; si Joseph devait dès à présent en être informé, l’ange lui aurait aussi apparu. Mais, si toute personne qui a en partage une révélation supérieure pensait ainsi, combien ne faudrait-il pas de révélations particulières ? Suivant Hess, Marie se dit encore : C’est l’affaire de Dieu, je dois lui laisser le soin de convaincre Joseph. Ceci n’est pas autre chose que le principe des gens insouciants. Olshausen approuve les raisons de Hess, et il y ajoute sa remarque favorite, à savoir, que, dans des événements aussi extraordinaires, la mesure des rapports ordinaires du monde n’est pas applicable[2] ; jetant ainsi sous les pieds des considérations essentielles de délicatesse et de convenance.

L’Évangile de la nativité de Marie, et, à la suite de cet évangile, quelques modernes, entre autres l’auteur de l’Histoire naturelle du grand prophète de Nazareth, ont supposé (c’est une explication qui est davantage au point de vue de l’explication naturelle), ont supposé que Joseph était éloigné de la demeure de sa fiancée au temps du message céleste. D’après eux, Marie est de Nazareth ; Joseph, de Beth-

    terrogée par Joseph, elle répond avec des larmes : Je ne sais pas d’où vient ce qui est dans mon sein : Οὐ γινώσκω, πόθεν ἐστὶ τοῦτο τὸ ἐν γαστρί μου, c. 13.

  1. Geschichte der drei letzten Lebensjahre Jesu u. s. w., 1. Thl., S. 36.
  2. Bibl. Comment., 1, S. 149.