Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/249

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rient ; et nous devons reconnaître que tel est le sens du langage oriental, si nous voulons l’interpréter d’après les intentions qui l’ont dicté. Les Juifs postérieurs, on le sait, trouvaient partout dans l’Ancien Testament, des prophéties pour le présent et pour l’avenir. À l’aide de passages de la Bible, en partie entendus faussement, ils s’étaient formé une image complète du Messie futur[1]. En appliquant ainsi, même à tort et à travers, l’Écriture, le Juif se figurait rencontrer un véritable accomplissement des paroles là où il les appliquait : aussi est-ce, pour parler le langage d’Olhausen, une pure prévention dogmatique que de supposer à la formule en question, chez les écrivains du Nouveau Testament, un sens tout autre que celui qui était habituel chez leurs compatriotes, et cela uniquement pour ne pas les trouver coupables d’une fausse interprétation de l’Écriture.

Assez indépendants, à l’égard de l’Ancien Testament, pour reconnaître, contre l’ancienne explication orthodoxe, que plusieurs prophéties se rapportent précisément à des circonstances voisines ; n’étant pas pourtant assez arbitraires, à l’égard du Nouveau Testament, pour nier, avec les commentateurs rationalistes, l’application que les Évangiles font de ces prophéties au Messie, plusieurs théologiens de notre temps ont encore trop de préjugés pour admettre, dans le Nouveau Testament, quelques fausses interprétations de l’Ancien, En conséquence ils prennent l’expédient de distinguer dans ces prophéties un double rapport, le premier à un événement contemporain et d’un ordre moins élevé, le second à un événement futur et d’un ordre plus élevé. De cette façon, ils ne choquent pas le sens des passages de l’Ancien Testament, sens qui est clair par les faits et par l’histoire, et en même temps ils ne forcent ni ne démentent l’explication de ces passages, donnée dans le

  1. Voyez l’Introduction, § 14.