Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/250

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Nouveau Testament[1]. Ainsi, suivant eux, la prophétie d’Isaïe dont il est ici question, a un double but, d’abord annoncer l’accouchement prochain de la fiancée du prophète, puis annoncer, pour un lointain avenir, la naissance de Jésus par une vierge. Mais un double sens aussi monstrueux est né de l’embarras dogmatique des théologiens ; ils ont voulu, comme le dit Olshausen lui-même, éviter d’être réduits à l’extrémité d’admettre que les écrivains du Nouveau Testament, et Jésus lui-même, n’ont pas bien compris l’Ancien Testament, c’est-à-dire ne l’ont pas compris d’après les règles modernes de l’interprétation, mais l’ont expliqué à la façon de leur temps, qui n’était pas la meilleure de toutes. Pour l’homme exempt de préjugés, cette difficulté existe si peu, qu’au contraire ce serait pour lui une difficulté si les choses se comportaient autrement, et si, contrairement à toutes les lois du développement historique des nations, les écrivains du Nouveau Testament s’étaient complètement élevés au dessus du mode d’interprétation de leurs contemporains et de leurs compatriotes. Ainsi, relativement aux prophéties citées dans le Nouveau Testament, nous pourrons sans hésitation, accorder, suivant les circonstances, qu’elles y ont été plusieurs fois expliquées et appliquées dans un tout autre sens que celui que les auteurs y avaient attaché.

Nous avons donc un tableau des quatre opinions possibles sur ce point, opinions dont deux sont extrêmes, et deux sont des essais de conciliation. De ces essais de conciliation, l’un est faux, et l’autre me paraît le véritable.

1. Opinion orthodoxe. (Hengstenberg et d’autres) : De tels passages de l’Ancien Testament n’avaient, dès l’origine,

  1. Voyez particulièrement Olshausen, Ueber tieferen Schriftsinn, et dans Bibl. Comm. Une vue semblable, quoique d’un ton moins décidé, est exprimée par Bleek : Quelques remarques sur l’emploi dogmatique de passages de l’A. T. dans le N. T., theol. Studien u. Kritiken, 1835, 2, S. 441 ; et Hoffmann, S. 183.