Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/255

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lisme inaccessible aux arguments de la raison et aux lois de la nature, doit cependant se préoccuper des difficultés d’exégèse et d’histoire que lui offre son propre terrain, difficultés qui pressent également l’idée d’une conception surnaturelle de Jésus. Nulle part, dans le Nouveau Testament, si ce n’est dans les deux récits de l’enfance chez Matthieu et Luc, il n’est parlé d’une telle origine de Jésus, nulle part il n’y est fait d’allusion directe[1]. Non seulement Marc laisse de côté l’histoire de la conception, mais encore l’auteur supposé du quatrième évangile, Jean, n’en parle pas davantage, lui que l’on assure avoir été commensal de Marie après la mort de Jésus, et qui, à ce titre, aurait dû être le plus exactement informé sur ces événements. On répond : Il a voulu plutôt raconter l’origine céleste que l’origine terrestre de Jésus. Mais l’opinion qu’il exprime dans son Prologue d’une hypostase divine qui devint réellement chair en Jésus, et qui lui demeura immanente, est-elle conciliable avec l’opinion qui est exprimée dans les passages en question, c’est-à-dire avec l’opinion d’une simple opération divine déterminant la conception de Jésus ? et en conséquence, Jean a-t-il pu supposer l’histoire de la conception telle qu’elle est donnée par Matthieu et par Luc ? Cette objection perd sa force, si nos recherches ultérieures ne confirment pas que le quatrième évangile ait Jean pour auteur ; mais ce qui doit surtout être pris en considération, c’est que, ni dans le cours des évangiles de Marc et de Jean, ni dans le reste des évangiles même de Matthieu et de Luc, il ne se trouve aucune allusion rétrospective à ce mode de conception. Non seulement Marie désigne Joseph comme le père de Jésus, sans autre explication (Luc, 2, 48), et

  1. Ce point a été surtout relevé dans l’Esquisse du dogme de la naissance surnaturelle de Jésus, dans Schmidt’s Bibliothek, 1, 3, S. 400 ff. ; dans les Remarques sur le point de foi : Le Christ a été conçu du Saint-Esprit, dans Henke’s neues Magazin, 3, 3, 365 ff. ; dans Kaiser’s bibl. Theol., 1, S. 231 f. ; De Wette’s Bibl. Dogmatik, § 281 ; Schleiermacher’s Glaubenslehre, 2. Thl., § 97.