Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/269

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suivant : Avant son mariage avec Joseph, Marie, sous l’influence d’un pur enthousiasme pour les choses saintes d’un côté, et d’autre côté par une coopération approuvée de la divinité (il est bien entendu que c’est la coopération d’un homme), deviendra mère d’un enfant qui, à cause de cette sainte origine, devra être nommé fils de Dieu.

Mais voyons de plus près comment le représentant de l’explication rationaliste se figure les particularités de la conception de Jésus. Il part d’Élizabeth, qu’il appelle la patriote et prudente fille d’Aaron. Ayant conçu l’espérance d’enfanter un prophète de Dieu, elle devait souhaiter qu’il fût le prophète suprême, le précurseur du Messie, et par conséquent que le Messie naquît bientôt. Elle avait dans sa parenté une personne qui convenait parfaitement pour être la mère du Messie : c’était Marie, la jeune vierge, descendante de David ; il ne s’agissait plus que d’exciter en elle des espérances particulières. On prévoit, d’après ces insinuations, un plan habilement concerté par Élizabeth au sujet de sa jeune parente, et l’on espère y être initié ; mais ici Paulus laisse tout à coup tomber le rideau, et il fait observer que la manière dont Marie a été convaincue qu’elle deviendrait la mère du Messie doit rester indécise historiquement ; seulement il est sûr que, dans tout cela, Marie est demeurée pure : car elle n’aurait pu paraître, comme elle le fit plus tard, avec une bonne conscience sous la croix de son fils, si elle s’était sentie digne de blâme pour l’origine des espérances qu’elle avait conçues de lui. On ne trouve plus loin que les indications suivantes sur l’opinion propre de Paulus : L’ange annonciateur est apparu à Marie peut-être le soir ou même la nuit ; Luc (l, 28) a seulement : et venant auprès d’elle, il dit, καὶ εἰσελθὼν πρὸς αὐτὴν εἶπε ; les mots l’ange, ὁ ἄγγελος, y manquent. Cette leçon, qui est la meilleure, dit Paulus, montre qu’il ne s’agit que de quelqu’un qui survient (comme si le participe venant n’aurait pas