Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/287

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c’est tout à fait de cette façon que le Jacques, l’apôtre, se montre dans le concile apostolique. De sorte que ce Jacques l’apôtre serait le même que le frère du Seigneur, d’autant plus que le frère du Seigneur paraît être compris au nombre des apôtres dans la phrase de Paul : Je ne vis pas d’autre apôtre, si ce n’est Jacques, frère du Seigneur, ἕτερον δὲ τῶν ἀποστόλων οὐκ εἶδον, εἰ μὴ Ἰάκωϐον τὸν ἀδελφὸν τοῦ Κυρίου (Gal., 1, 19). Ces raisonnements s’accordent avec une ancienne tradition qui disait que Jacques le juste, frère de Jésus, avait été le premier à la tête de la communauté de Jérusalem[1]. Mais le Jacques des Actes, en le supposant le même que l’apôtre dont il est question, est dit fils d’Alphée et non de Joseph ; par conséquent, s’il devait être en même temps frère du Seigneur, ἀδελφὸς τοῦ Κυρίου, le mot ἀδελφὸς ne devrait pas signifier frère. Maintenant, si l’on identifie l’Alphée avec le Clopas, mari de la tante maternelle de Jésus, on en viendra sans peine à prendre le mot ἀδελφός, employé pour signifier le degré de parenté de son fils avec Jésus, dans le sens de cousin. L’apôtre Jacques, fils d’Alphée, étant ainsi identifié avec le cousin, et celui-ci avec le frère de Jésus, portant le même nom, il est tout simple de traduire les mots Jude de Jacques, Ἰούδας Ἰακώϐου, dans les listes d’apôtres de Luc (Luc, 6, 16 ; Act. Ap., 1, 13) par Jude frère de Jacques (fils d’Alphée), et de regarder alors cet apôtre Jude comme identique avec le Jude frère de Jésus, c’est-à-dire cousin du Seigneur et fils de Marie Clopas ; remarquons toutefois que son nom ne figure jamais à côté du nom de cette femme. Dans l’Épître de Jude que notre canon renferme, l’auteur, V. 1, se désigne comme frère de Jacques, ἀδελφὸς Ἰακώϐου ; et si l’Épître est authentique, cette désignation concorderait avec les raisonnements exposés plus haut. En outre, d’après quelques uns, l’apôtre Simon le zélé, ὁ ζηλωτὴς ou le Cananite,

  1. Euseb. H. E., 2, 1.