Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/291

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ce mouvement significatif, et elle le rapporta à la salutation donnée par la mère du Messie. On trouve également naturel que Marie exprime ses espérances messianiques, confirmées par Elizabeth, dans un récitatif en forme de psaume, qui est composé à l’aide de toutes sortes de réminiscences de l’Ancien Testament.

Mais, dans ce mode d’explication, bien des choses contredisent absolument le texte. D’abord rien n’y prouve qu’Elizabeth apprenne par Marie même le message céleste que celle-ci a reçu, car on n’y voit aucune trace d’une communication antécédente ; on ne peut pas, non plus, admettre une interruption du discours d’Elizabeth par des éclaircissements que Marie donnerait. Loin de là, c’est une révélation surnaturelle qui instruit Marie de la grossesse de sa cousine, et c’est aussi par une révélation qu’Elizabeth reconnaît Marie comme la femme choisie pour mettre au monde le Messie[1]. Le second trait du récit évangélique à savoir, que Jean-Baptiste s’est mû dans le sein de sa mère pour saluer la mère du Messie au moment de son entrée, ne comporte pas davantage une explication naturelle, quoique même des commentateurs orthodoxes, dans ces derniers temps, aient paru y incliner. Ces commentateurs donnent au récit la tournure suivante : Elizabeth reçoit d’abord une révélation ; elle est saisie d’un ravissement, et ce transport passe de la mère à l’enfant par une voie physiologiquement explicable[2]. Mais l’évangéliste n’expose pas la chose comme si l’émotion de la mère avait été la cause déterminante du mouvement de l’enfant ; au contraire, il ne parle, V. 41, du transport de la mère qu’après le mouvement de l’enfant ; et d’après Elizabeth même, V. 44, Marie, en la saluant, a déterminé ce mouvement, non par une signification parti-

  1. Olshausen et De Wette sur cet endroit.
  2. Hess, Geschichte Jesu, 1, S. 26, Olshausen, Bibl. Comm., 1, S. 112 ; Hoffmann, S. 226 ; Lange, S. 76 ff.