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QUATRIÈME CHAPITRE.

NAISSANCE ET PREMIERS ÉVÉNEMENTS DE LA VIE DE JÉSUS.



§ XXXII.


Le cens[1].

Les narrations de Matthieu et de Luc s’accordent à placer toutes deux la naissance de Jésus à Bethléem. Mais, tandis que le dernier en raconte avec détail les particularités les plus précises, le premier n’en parle qu’occasionnellement. Une fois, c’est dans une phrase où il l’indique comme le résultat accessoire d’une prophétie qui est citée (2, 5) ; une autre fois, il s’y réfère comme à une chose connue (2, 1). Dans Matthieu, il semble que les parents de Jésus avaient leur résidence à Bethléem ; dans Luc, ils y sont conduits par des circonstances toutes spéciales. Mais, pour le moment, laissons de côté cette dissidence, dont

  1. Dernièrement, Tholuck (d’abord dans : Liter. Anzeiger, maintenant dans : Glaubwürdigkeit, u. s. f., S. 158-198) a composé sur le cens un mémoire très étendu, qu’Olshausen (S. 127) nomme un travail de maître. Olshausen s’est laissé tromper par le geai couvert des plumes du paon ; depuis, Schulz, dans l’Examen de l’écrit de Tholuck (Lit. Blatt der a. K. Ztg., 1837, n° 69, f.), l’a mis à nu en montrant que presque toutes les citations empruntées à tous les auteurs possibles et étalées avec tant de pompe, étaient un bien étranger, appartenant à Lardner. Au reste, ce mémoire est quelque chose de remarquable ; d’abord on y montre la vérité de plusieurs autres renseignements donnés par Luc et contrôlés par l’histoire profane, comme si celui qui a raison neuf fois ne pouvait pas se tromper la dixième ; comme si la plupart des passages allégués par Tholuck ne se rapportaient pas à des temps bien postérieurs, sur lesquels en conséquence Luc pouvait avoir des notions plus exactes ; et comme s’il n’était pas vraisemblable qu’il s’est trompé au sujet de Lysanias et de Theudas, comme au sujet du recensement.

    Lorsqu’il en vient au passage même relatif au recensement, Tholuck trouve admissibles toutes les explications déjà proposées ; le passage peut être une glose ; mais aussi πρώτη peut être pris pour προτέρα, ou bien être l’équivalent de πρῶτον, et πρῶτον l’équivalent de demum ; et puis rien n’empêche de lire αὐτὴ au lieu de αὕτη. Comme la défiance de chacun de ces expédients se cache mal sous l’apparence de la confiance en tous !

    Il sera question plus loin d’inexactitudes de détail et même d’inadvertances.