Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/312

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apparaît que les bergers reçoivent la première nouvelle de la naissance du Sauveur, σωτήρ ; et en signe de la vérité de cette nouvelle, il leur apprend qu’ils trouveront dans la crèche l’enfant nouveau-né. S’ils avaient déjà su par Marie quelque chose de la prochaine naissance du Messie, c’est le météore lumineux qui, pour eux, aurait servi de confirmation aux dires de Marie, et ce n’est pas la présence de l’enfant dans la crèche qui leur aurait certifié la véracité de l’apparition. Enfin, au point où nos recherches sont parvenues, nous pouvons y accorder assez de confiance pour demander où Marie, puisqu’il n’y avait eu ni annonciation miraculeuse ni conception surnaturelle, aurait puisé la ferme espérance d’enfanter le Messie.

À côté de cette explication naturelle, sujette à tant de difficultés, Bauer prétendit en donner une mythique[1], mais sans faire un pas au delà de l’interprétation naturelle, et il répéta, trait pour trait, l’exposition de Paulus. Gabler objecta, avec raison, contre cette explication mythique mixte, qu’elle accumulait, comme l’explication naturelle, trop d’invraisemblances ; que tout paraissait plus simple par l’adoption d’un mythe pur, dogmatique ; que par là, une plus grande harmonie se répandait sur cette primitive histoire du christianisme, dont jusque-là tous les morceaux ont dû être expliqués comme des mythes purs[2]. En conséquence. Gabler pense que le récit évangélique est le produit des idées du temps, qui exigeaient que les anges fussent occupés lors de la naissance du Messie. On savait, dit-il, que Marie avait accouché dans une maison de bergers ; on en conclut que les anges avaient dû apporter aussitôt à ces bons bergers la nouvelle de la naissance du Messie dans leur étable, et que ces êtres divins, louant Dieu continuellement,

  1. Hebræische Mythologie, 2. Thl. S. 223 ff.
  2. Examen de la Mythologie hébraïque de Bauer, dans Gabler’s Journal für auserlesene theol. Literatur, 2, 1, S. 58, f.