Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/311

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nus dans la caverne, ils trouvent leurs espérances confirmées par l’événement, et eux-mêmes, qui n’avaient d’abord vu dans ce phénomène qu’un signe de ce qui allait arriver, transforment, à la façon des Orientaux, ce signe en des paroles réelles qu’ils auraient entendues[1].

Il faut supposer (car tout dépend de là dans cette explication) que les bergers avaient su d’avance quelque chose des espérances que Marie avait d’enfanter le Messie ; car autrement, comment auraient-ils pu en venir à considérer le météore justement comme un signe de la naissance du Messie dans leur étable ? Mais cela même forme la contradiction la plus formelle avec le récit évangélique. D’abord l’évangile ne suppose évidemment pas que l’étable leur ait appartenu ; après avoir raconté la délivrance de Marie dans l’étable, il passe aux bergers en termes qui indiquent un sujet nouveau et sans relation avec l’étable, de cette façon : et des bergers étaient dans le même lieu, καὶ ποιμένες ἦσαν ἐν τῇ χώρᾳ τῇ αὐτῇ. Si cette explication était véritable il y aurait eu au moins les bergers, etc., οἱ δὲ ποιμένες κτλ. ; le narrateur n’aurait pas non plus omis de parler des allées et venues des bergers dans l’étable pendant le jour, et de dire qu’ils n’étaient sortis pour garder leurs troupeaux qu’à l’approche de la nuit. Mais en supposant même ces circonstances, c’est une inconséquence de Paulus que de représenter Marie au commencement tellement silencieuse sur sa grossesse qu’elle ne la découvrit pas même à Joseph, puis tout à coup tellement communicative, qu’à peine arrivée, elle raconte devant des étrangers toute l’histoire de ses espérances. Au reste, en admettant que les bergers ont été instruits par Marie dès avant l’accouchement, Paulus contredit aussi la suite du récit ; car, d’après le texte, c’est par l’ange qui

  1. Exeg. Handhuch, 1, a, S. 180 f. Tandis que Paulus suppose un phénomène naturel extérieur, Matthæi, Synopse der vier Evangelien, S. 3, admet une apparition angélique intérieure.