Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/362

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nent ces récits, n’avaient pas retenu l’idée du Christ comme sujet à la loi, γενόμενος ὑπὸ νόμον (Gal., 4, 4), et comme si Jésus lui-même ne s’était pas soumis au baptême, et justement dans Luc sans refus préalable de la part de Jean-Baptiste. La seconde remarque de Schleiermacher a plus de poids, à savoir, que celui qui aurait inventé l’histoire n’aurait pas posé, à côté de Siméon, Anne, dont même il n’est tiré aucun parti pour la poésie du récit, et n’aurait pas décrit avec exactitude les particularités de sa personne, tout en négligeant le personnage principal. Mais, faire proclamer la dignité de Jésus par la bouche de deux témoins, et, à côté du prophète, placer une prophétesse, ce sont là de ces symétries qu’aiment les légendes. La description détaillée de l’extérieur de la prophétesse peut avoir été prise à une personne réelle qui vivait encore, en réputation de piété, au temps de la formation de notre récit. Quant aux discours, celui de la femme est principalement destiné à propager la nouvelle, de même que celui de Siméon l’est à saluer l’enfant au moment de sa bienvenue dans le Temple ; et leurs propres paroles n’ont pu être rapportées, puisque tout se passa derrière la scène. Schleiermacher, qui a précédemment soutenu que l’évangéliste tenait son récit médiatement ou immédiatement de la bouche des bergers, prétend ici qu’il le tient de la bouche d’Anne, qu’il a décrite si exactement ; à quoi Neander donne son assentiment, et ce n’est pas le seul brin de paille jeté par Schleiermacher, auquel Neander cherche à s’accrocher dans les difficultés que suscite la critique moderne.

Ici encore, où le récit de Luc abandonne Jésus pour quelques années, se trouve une phrase finale sur la croissance, prospère de l’enfant (v. 40) ; une phrase semblable est appliquée au point correspondant de la vie de Jean-Baptiste, et toutes deux rappellent une formule analogue dans l’histoire de Samson (Jud., 13, 24, seq.).