Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/395

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qu’on l’a prétendu à l’éducation littéraire de son peuple ; mais, en l’absence de renseignements authentiques, la question doit rester indécise.

Différentes hypothèses, plus ou moins indépendantes des renseignements fournis par le Nouveau Testament, ont été faites, dans les temps anciens comme dans les temps modernes, sur le développement intellectuel de Jésus ; elles se partagent en deux classes principales et opposées, suivant qu’elles appartiennent à l’opinion naturelle ou à l’opinion surnaturelle. En effet, l’opinion surnaturelle touchant la personne de Jésus a besoin de le représenter comme complètement unique dans son espèce, comme indépendant de toutes les influences extérieures et humaines, comme son seul précepteur ou plutôt comme enseigné de Dieu. Ainsi toute supposition qui tendait à faire croire qu’il avait emprunté et appris quelque chose dut être repoussée positivement, et par conséquent il fallut mettre dans le jour le plus éclatant les difficultés qui s’opposèrent au développement naturel de Jésus[1] ; et, pour exclure plus sûrement toute réceptivité, on fut enclin à signaler aussitôt que possible, dans Jésus, une spontanéité telle que nous la trouvons chez lui dans l’âge mûr. Cette activité spontanée est double : théorique et pratique. Quant au côté théorique, c’est-à-dire sagesse et connaissance, la tendance à mettre aussitôt que possible en lumière l’intelligence active de Jésus se manifeste dans les passages apocryphes qui ont été en partie cités plus haut et qui dépeignent Jésus dépassant ses maîtres longtemps avant sa douzième année : car, d’après un de ces livres, il avait parlé dès le berceau et s’était déclaré fils de Dieu[2] ; mais aussi le côté pratique, c’est-à-dire cette activité d’un ordre supérieur qui fut attribuée à Jésus dans les

  1. C’est ce que fait, par exemple, Reinhard, dans son livre intitulé Plan de Jésus.
  2. Evangel. infant, arab., c. 1, p. 60 seq. dans Thilo, et les passages de ce même évangile et de l’Évangile de Thomas, qui ont été cités § xl.