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Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/41

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les philosophes grecs avaient déjà ébauché des systèmes géométriques, représentation approximative des phénomènes observés. Quand, redescendant sur la terre, on y observe la pesanteur, le jeu de la chaleur, de la lumière, de l’électricité et des sons, alors s’ouvre un domaine infiniment plus particulier et subordonné aux conditions plus générales de l’ensemble cosmique ; on sait combien tard la physique est venue à quelque élaboration. Au-dessous des forces physiques se rangent ces forces encore plus particulières qu’on appelle chimiques et qui règlent les combinaisons et décombinaisons moléculaires ; la chimie aussi, malgré sa longue préparation alchimique, n’a pris la consistance théorique que depuis un siècle environ. Comme dans les corps vivants, végétaux et animaux, il n’y a point de phénomène de nutrition qui ne soit un phénomène chimique, il s’ensuit que toute biologie est impossible, tant que la chimie n’a pas, elle, établi ses propres lois ; c’est ce qui fait que la biologie, quoique si ancienne, puisqu’elle fut cultivée dès une haute antiquité par les philosophes et médecins grecs, est cependant une création récente qui ne date guère que de la fin du siècle dernier ; jusque-là on n’avait que des rudiments sans qu’il fût possible soit d’embrasser la science entière, soit, ce qui n’est pas moins essentiel, de la coordonner parmi les autres. Le même échelonnement se montre pour l’histoire ou sociologie, qui termine la série ; en y montant on passe par la connaissance de la nature vivante en général et de la nature humaine en particulier ; l’homme collectif ne peut être étudié qu’après l’étude préalable de l’homme individuel. Ainsi se déroule la coordination du savoir qui embrasse tout, les nombres et les formes, la terre et les astres, les forces physiques et les forces vivantes.