Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/415

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côté, la narration évangélique ne suffit pas pour élever cette possibilité jusqu’à la certitude historique, car on montre que cette narration même peut avoir une source non historique, et la critique ne doit se décider ni pour l’un ni pour l’autre côté, satisfaite d’avoir fait sentir l’incertitude de ce point.

Il n’en est pas autrement d’un second point dont il faut que nous parlions ici, à savoir, le rapport d’âge entre Jean et Jésus. Ceux qui ont fait la supposition mentionnée plus haut, que Jean-Baptiste commença son rôle public plusieurs années avant Jésus, ont trouvé invraisemblable qu’il n’ait été plus âgé que de six mois ; car alors, si Jésus a commencé à prêcher dès sa trentième année, Jean a dû commencer dès sa vingtième. Mais, indépendamment de ce qui a été remarqué plus haut contre la certitude de cette supposition, on ne prouvera pas qu’un prédicateur de pénitence aussi jeune n’ait pu faire impression ni passer pour un prophète de l’ancien temps, pour un Élie[1], et il n’y a, non plus, aucune raison pour croire qu’entre deux hommes, celui qui est arrivé le premier à un ministère public a sur l’autre une avance d’âge correspondante, car souvent il est le plus jeune. Il faut faire encore ici le même raisonnement que plus haut : le dire de Luc (1, 26), qui fait Jean-Baptiste plus âgé que Jésus de six mois, a été trouvé purement mythique ; et, s’il est possible qu’il y ait réellement cette différence d’âge, il est également possible que Jean ait été plus âgé ou plus jeune.


§ XLIV.


Début et dessein de Jean-Baptiste. Ses relations personnelles avec Jésus.

Jean, Nasiréen, c’est-à-dire voué à Dieu, comme nos sources l’indiquent (Matth., 3, 4. 9, 14. 11, 18 ; Luc, 1,

  1. Cludius, l. c.