Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/418

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règne n’arriveraient que lorsque les Israélites feraient pénitence[1], et nous verrons avec quelle facilité on a pu arriver à une combinaison d’idées d’après laquelle une ablution, image symbolique de la résipiscence et du pardon des péchés, devait précéder l’arrivée du Messie,

Les renseignements ne paraissent pas d’abord complètement unanimes sur la signification du baptême de Jean ; tous, à la vérité, s’accordent en ceci, que la pénitence, μετάνοια, en était une condition essentielle. En effet, quand Josèphe dit que Jean-Baptiste engageait les Juifs, exerçant la vertu, justes les uns envers les autres et pieux envers Dieu, à se rendre au baptême, ἀρετὴν ἐπασκοῦντας, καὶ τῇ πρὸς ἀλλήλους δικαιοσύνῃ καὶ πρὸς τὸν Θεὸν εὐσεϐείᾳ χρωμένους βαπτισμῷ συνιέναι[2], c’est la même chose sous forme grecque. Mais Luc (3, 3), et Marc (1, 4), en désignant le baptême de Jean comme baptême de pénitence, βάπτισμα μετανοίας, ajoutent : Pour la rémission des péchés, εἰς ἄφεσιν ἁμαρτιῶν. Matthieu, à la vérité, n’a pas cette addition ; pourtant il désigne, ainsi que Marc, ceux qui se faisaient baptiser, comme en même temps confessant leurs péchés, ἐξομολογούμενοι τὰς ἁμαρτίας αὐτῶν (3, 6). Josèphe paraît dire justement le contraire quand il énonce, comme étant l’opinion de Jean-Baptiste, que le baptême est agréable à Dieu, non quand on demande pardon de quelques fautes, mais quand on purifie son corps après avoir d’abord purifié son âme par la justice, οὕτω γὰρ καὶ τὴν βάπτισιν ἀποδεκτὴν αὐτῷ (τῷ Θεῷ) φανεῖσθαι, μὴ ἐπί τινων ἁμαρτάδων παραιτήσει χρωμένων, ἀλλ’ ἐφ’ ἁγνείᾳ τοῦ σώματος, ἄτε δὴ καὶ τῆς ψυχῆς δικαιοσύνῃ προεκκεκαθαρμένης. Et ici l’on pourrait concevoir que les mots : Pour la rémission des péchés, εἰς ἄφεσιν

  1. Sanhedr. f. 97, 2 : R. Elieser dixit : Si Israelitæ pœnitentiam agunt, tunc per Goëlem liberantur ; sin vero, non liberantur. Dans Schœttgen, Horæ, 2, p. 780 seq.
  2. Antiq. 18, 5, 2. Osiander donne à Jean-Baptiste le dangereux éloge d’avoir mis la hache à la racine morale de la vie (S. 132).