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§ L.


Tentatives d’une critique, et conception mythique, des récits.

Si l’on ne peut pas rapprocher d’une représentation intelligible la scène du baptême de Jésus sans faire violence aux récits évangéliques, et sans supposer qu’ils sont inexacts dans une portion, on est nécessairement forcé d’en venir à traiter critiquement ces récits ; et c’est aussi, après De Wette et Schleiermacher, le point où l’on peut considérer les théologiens comme arrivés de nos jours[1]. Du récit de Jean, considéré comme la source pure, on essaie de faire provenir les autres comme autant de ruisseaux qui se sont troublés dans leur cours. Dans le quatrième évangile, dit-on, il n’est question ni du ciel qui s’ouvre ni d’une voix divine qui se fait entendre ; c’est seulement la descente de l’Esprit qui devient pour Jean-Baptiste, d’après la promesse reçue, un signe divin qui lui montre que Jésus est le Messie. Mais de quelle manière Jean-Baptiste a-t-il reconnu que l’esprit reposait sur Jésus ? Le quatrième évangile ne nous l’apprend pas, dit Schleiermacher ; et il se peut que les seuls discours de Jésus en aient été le signe pour Jean-Baptiste.

On doit s’étonner d’entendre dire à Schleiermacher que le quatrième évangile n’indique pas de quelle manière Jean-Baptiste aperçut l’Esprit, πνεῦμα, qui descendait ; car l’expression comme une colombe, ὡσεὶ περιστεράν, qui se trouve ici aussi, l’énonce suffisamment, et elle prouve incontestablement que cette descente fut une descente visible et non une conclusion tirée des discours de Jésus. Usteri assure, à la vérité, que Jean-Baptiste ne se servit de la colombe que comme d’une image pour désigner l’esprit doux et paisible qu’il remarquait en Jésus. Si telle avait été son

  1. De Wette, Bibl. dogm., § 208, Anm. b. ; Exeg. Handb., 1, 1, S. 34 ff. 1, 3, S. 29 f. ; Schleiermacher, Ueber den Lukas, S. 58 f. ; Usteri et Bleek, mémoires cités ; Hase, L. J., § 54 ; Kern, Hauptthatsachen, S. 67 ff. ; Neander, L. J. Chr., S. 69 ff.