Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/55

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peut être exécuté sur le terrain de la critique, à savoir, un cœur et un esprit affranchis de certaines suppositions religieuses et dogmatiques ; et de bonne heure l’auteur a acquis cet affranchissement par des études philosophiques. Les théologiens trouveront sans doute que l’absence de ces suppositions dans son livre est peu chrétienne ; lui, il trouve que la présence de ces suppositions dans les leurs est peu scientifique. Sans doute, à cet égard, le ton du livre qui est soumis au jugement du public contraste grandement avec le ton de dévotion édifiante ou d’inspiration mystique qui règne dans les livres modernes sur des objets semblables ; mais nulle part on n’y verra la frivolité se substituer au sérieux de la science. En retour, c’est une juste exigence de demander que les jugements qui en sont portés se tiennent dans le domaine scientifique, et que le fanatisme et le zèle des bigots n’y interviennent pas.

L’auteur sait que l’essence interne de la croyance chrétienne est complètement indépendante de ces recherches critiques. La naissance surnaturelle du Christ, ses miracles, sa résurrection, et son ascension au ciel, demeurent d’éternelles vérités, à quelque doute que soit soumise la réalité de ces choses en tant que faits historiques. Cette certitude seule peut donner à notre critique repos et dignité, et la distinguer des explications naturelles des siècles précédents ; explications qui, songeant à renverser aussi la vérité religieuse avec le fait historique, étaient nécessairement frappées d’un caractère de frivolité. Un chapitre, à la fin de l’ouvrage, montrera que le sens dogmatique de la vie de Jésus n’a souffert aucun dommage. Dans l’inter-