Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tel[1]. Il est d’accord avec l’auteur des Fragments pour ne pas reconnaître une intervention immédiate de la divinité, au moins dans l’histoire primitive de l’Ancien Testament. Les recherches mythologiques d’un Heyne avaient déjà assez agrandi son horizon pour qu’il sentît qu’il fallait ou admettre cette intervention chez tous les peuples dans leur âge primitif, ou la nier chez tous. Chez tous les peuples, observait-il, en Grèce, comme dans l’Orient, tout ce qui était inattendu et incompris était rapporté à la divinité ; les sages de ces nations vivaient toujours en communication avec des êtres supérieurs. Tandis que ces récits (ainsi Eichhorn continue à développer sa pensée) étaient, pour l’histoire hébraïque, entendus toujours littéralement, on avait l’habitude, hors de cette histoire, d’expliquer de telles manifestations par la supposition d’une tromperie, d’un grossier mensonge, ou de légendes altérées et corrompues. Mais évidemment, ajoute Eichhorn, la justice exige que l’on traite les Hébreux et les non-Hébreux de la même façon, et il faut ou placer, comme les Hébreux, toutes les nations durant leur enfance sous l’influence commune d’êtres supérieurs, ou refuser de croire des deux côtés à une telle influence. Y croire universellement, cela est sujet à réflexion ; car les religions qui se prétendent révélées sous cette influence ont un fonds qu’il n’est pas rare de trouver en défaut ; puis il est difficile d’expliquer comment l’humanité est sortie de cet état de minorité pour arriver à son émancipation ; et enfin, plus les temps deviennent éclairés et les renseignements certains, plus ces interventions immédiates de la divinité disparaissent. Par conséquent, si l’action d’êtres supérieurs doit être niée chez les Hébreux comme chez d’autres peuples, la manière de voir que l’on a appliquée jusqu’à présent à l’antiquité païenne semble, dit Eichhorn, se présenter

  1. Examen des autres œuvres non encore imprimées de l’auteur des Fragments de Wolfenbüttel, dans Eichhorn’s allgemeiner Bibliothek, erster Bd., 1tes u. 2tes Stück.