Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/87

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avec une égale assurance historique, crus et racontés ultérieurement. Cette confusion aussi est particulièrement mnanifeste dans les livres historiques du Nouveau Testament, car au temps de Jésus la disposition dominante était toujours d’assigner tout incident frappant à une cause invisible, surhumaine. Le principal travail de l’historien qui recherche les faits doit donc être, nommément en ce qui touche le Nouveau Testament, de séparer ces deux parties constituantes, si étroitement unies, et cependant de nature si différente, et de dégager le fait pur hors des opinions des hommes et du temps comme un noyau hors de son enveloppe. Le procédé à suivre est, quand on manque d’une relation plus exacte qui serve de contrôle et de rectification, de se reporter en imagination, aussi vivement qu’il est possible, au théâtre des événements et au point de vue de l’époque, et, sur ce terrain, de travailler à compléter le récit primitif par la supposition de circonstances accessoires que le narrateur lui-même, engagé dans la croyance au surnaturel, a souvent négligé d’indiquer. On sait de quelle façon Paulus, en conformité à ces principes, a traité l’histoire du Nouveau Testament dans son Commentaire et récemment dans son livre sur la vie de Jésus[1]. Il tient fermement à la vérité historique des récits ; il s’efforce d’introduire dans l’histoire évangélique un étroit enchaînement de dates et de faits, mais en même temps il la dépouille de tout son fond immédiatement divin, et il nie toute intervention surnaturelle de forces supérieures. Pour lui, Jésus n’est pas le fils de Dieu dans le sens de l’Église, mais c’est un homme sage et vertueux ; ce ne sont pas des miracles qu’il accomplit, mais ce sont des actes tantôt de bonté et de philanthropie, tantôt d’habileté médicale, tantôt de hasard et de bonne fortune[2].

  1. Heidelberg, 1828, 2 Bde.
  2. De même que parmi les précurseurs de Paulus, Bahrdt s’est fait particulièrement remarquer par ses Lettres publiées à partir de 1782 (Briefe über die Bibel im Volkstone), de même il eut un successeur qui se livra à un travail du même genre, dans Venturini, auteur de