Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans cette manière de concevoir l’histoire biblique, commune à Eichhorn et à Paulus, il y a une supposition nécessaire, c’est que les documents de cette histoire, les écrits de l’Ancien et du Nouveau Testament, ont été rédigés avec beaucoup d’exactitude et de fidélité, par conséquent très peu de temps après les événements qui y sont racontés. Car s’il est possible dans un récit de séparer le fait primordial du jugement qui y est mêlé, il faut que la relation soit encore très pure et originale. Dans une relation rédigée plus tard, et moins originale, je n’aurais aucune garantie que ce que je regarde comme la chose réelle, comme le fait, n’appartînt pas aussi à l’opinion et à la légende : aussi Eichhorn essaya-t-il de rapprocher autant que possible des événements eux-mêmes la rédaction des documents et surtout des livres de l’Ancien Testament ; et lui et les théologiens qui pensent comme lui ne reculèrent pas devant l’admission des choses les moins naturelles, par exemple devant la supposition que le Pentateuque avait été écrit pendant la marche à travers le désert[1]. Cependant ce critique se permit, du moins dans quelques parties de l’Ancien Testament, par exemple au livre des Juges, la remarque que les récits qui y sont contenus ne sont pas contemporains des faits, mais que l’historien a vu ses héros dans le demi-jour des siècles écoulés, et qu’ils y ont pris facilement à ses yeux des proportions gigantesques. Il fait observer que l’historien seul qui voudrait amuser aux dépens de la vérité, donnerait une couleur bril-

    l’Histoire naturelle du grand prophète de Nazareth (Natürliche Geschichte des grossen Propheten von Nazaret). Ce livre, qui a commencé à paraître à partir de 1800, présente, dans les parties publiées postérieurement, des conformités, même de détail, avec le Commentaire de Paulus. C’est à tort que l’on compare, sans autre explication, ces deux ouvrages avec les Fragments de Wolfenbüttel ; ils appartiennent essentiellement à la direction de Paulus ; car ils tendent à tout représenter dans la vie de Jésus d’une façon naturelle, sans cependant porter atteinte à la sagesse et à la noblesse de son caractère. Ce qu’ils ont d’imaginaire ne diffère du mode d’exposition de Paulus que par un plus grand arbitraire dans l’introduction des causes intermédiaires inventées par ces auteurs ; Bahrdt même se déclare expressément contre l’auteur des Fragments. (Briefe, u. s. w., 1tes Bændchen, 14ter Brief.)

  1. Allgem. Biblioth., Bd. 1, S. 64.