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c’était, que la constitution du corps humain avait été, dès l’origine, viciée par l’usage d’un fruit vénéneux[1]. Il trouva possible en soi (ce qu’il confirma par de nombreux exemples tirés de l’histoire profane), qu’un récit mythologique fût placé en tête de récits purement historiques ; mais, déterminé par une idée puisée dans l’ordre surnaturel, il anéantit, quant à la Bible, cette possibilité, disant qu’il serait indigne de la divinité d’avoir laissé insérer un fragment mythologique dans un livre qui porte des traces si incontestables d’une origine divine. Plus tard cependant[2], Eichhorn déclara lui-même que maintenant il pensait autrement, en plusieurs points, sur les chapitres II et III de la Genèse, et qu’au lieu d’y voir la relation historique d’un empoisonnement, il y voyait le symbole mythique d’une pensée philosophique, à savoir, que le désir d’un meilieur état que celui dans lequel on se trouve est la source de tout mal dans le monde. Ainsi, dans ce point du moins, Eichhorn aima mieux abandonner l’histoire pour garder l’idée que de conserver avec ténacité l’histoire par le sacrifice de toute pensée supérieure. Pour le reste, il s’accorda toujours avec Paulus et d’autres, regardant le merveilleux de l’Histoire sainte comme un vêtement qu’il suffisait de retirer pour voir apparaître la pure forme historique.


§ VII.


Interprétation morale de Kant.

Ces explications naturelles, dont la fin du xviiie siècle produisit une riche moisson, furent entrecoupées par une apparition remarquable : ce fut la résurrection soudaine de l’ancienne explication allégorique des Pères de l’Église dans

  1. Eichhorn’s Urgeschichte, herausgegeben von Gabler, 3. Th., S. 98 ff.
  2. Allgem. Biblioth., 1. Bd., S. 989, und Einleitung in das A. T., 3. Th., S. 82.