Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/95

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pu en être témoin, servent de thème à une relation qui a la forme historique, ou quand enfin ces récits ont reçu une élaboration qui vise au merveilleux, ou sont conçus dans un langage symbolique. Or, de tels récits ne sont pas rares dans la Bible ; et si l’on ne veut pas y appliquer l’explication mythique, c’est qu’on se fait une fausse idée et de l’essence du mythe et du caractère des livres bibliques : de l’essence du mythe, car on le confond avec des fables, avec des impostures préméditées et des fictions arbitraires, au lieu de savoir y reconnaître le milieu nécessaire où l’esprit humain a pu essayer ses premiers mouvements ; du caractère des livres bibliques, car, si, avec la croyance à une inspiration divine, il est invraisemblable que Dieu ait donné la représentation mythique de faits ou d’idées, au lieu d’en donner la représentation réelle, néanmoins l’examen attentif des écritures bibliques montre que l’idée de leur inspiration, bien loin d’en empêcher la conception mythique, n’est elle-même pas autre chose qu’un mythe. (Bauer, Hebr. Myth. Einleitung.)

La répugnance à reconnaître dans les plus vieux monuments des religions juive et chrétienne des mythes aussi bien que dans les religions païennes, est expliqué par Wegscheider, qui l’attribue soit à l’ignorance où sont tant de gens des progrès de l’histoire et de la philosophie, soit à une certaine inquiétude qui empêche de donner le même nom à des choses évidemment les mêmes. En même temps il déclara impossible, si l’on ne reconnaissait pas des mythes dans l’Écriture sainte, et si l’on ne distinguait pas son vrai sens de la forme non historique, de défendre avec succès le caractère divin de la Bible contre les objections et les railleries de ses adversaires[1].

Ainsi les critiques ici nommés définirent, d’une manière générale, le mythe : l’exposition d’un fait ou d’une pensée

  1. Institutiones theol. chr. dogm., § 42.