Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/96

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sous une forme historique, il est vrai, mais sous une forme que déterminaient le génie et le langage symbolique et plein d’imagination de l’antiquité. En même temps on distingua différentes espèces de mythes[1]. Il y a des mythes historiques, c’est-à-dire le récit d’événements réels, coloré seulement par l’opinion antique qui mêle le divin avec l’humanité, le naturel avec le surnaturel ; il y a aussi des mythes philosophiques, c’est-à-dire dans lesquels une simple pensée, une spéculation ou une idée contemporaine sont enveloppées. Au surplus, ces deux espèces peuvent ou bien se mélanger, ou bien devenir, par les embellissements de la poésie, des mythes poétiques, où le fait primitif et l’idée primitive disparaissent presque complètement sous les ornements d’une riche imagination. Entre ces différentes espèces de mythes la distinction est difficile ; car ceux mêmes qui sont purement symboliques sont revêtus de la même apparence historique que ceux qui renferment réellement de l’histoire. Cependant nos savants critiques tracent quelques règles pour cette distinction même. Avant tout, disent-ils, il faut voir si le récit a un but, et quel but. Le but pour lequel la légende aurait pu être inventée ne se laisse-t-il pas apercevoir, chacun y trouvera le mythe historique. Mais toutes les circonstances principales d’un récit correspondent-elles à la représentation symbolique d’une vérité déterminée, alors le récit a été inventé pour cette représentation, et le mythe est philosophique. On reconnaît le mélange du mythe historique et du mythe philosophique, quand on y découvre la tendance à dériver certains faits de leurs causes. On peut aussi quelquefois y démontrer une base historique par des renseignements venus d’ailleurs : tantôt certaines données d’un mythe ont d’étroits rapports

  1. Comparez encore, outre les auteurs nommés plus haut, Ammon, Proqr. quo inquiritur in narrationum de vitæ Jesu Christi primordiis fontes, etc. ; dans Pott et Ruperti, Sylloge Comm. theol., n. 5 ; et Gabler, n. theol. Journal, 5. Bd., S. 83 und 397.