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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/105

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De se jeter soudain sur elles
Pour mordre à baisers pleins et sains
Leurs bouches qui sont des airelles
Et les framboises de leurs seins.

Ce ne sont que molles paroles
Et des soupirs et des désirs
Et le rire enflammé des folles
Et des fous de tous ces plaisirs.

Ailes et parfums dans la brise !
Le printemps épars sur la mer !
Le cri de l’oiseau qui se grise
De chanter la mort de l’hiver !

Ah ! n’est-il pas beau, le royaume
Dont je suis roi quand je le veux ?
Mais à mon mal il n’est nul baume,
Et je m’en vais, sans pleurs ni vœux,

Vers un pays de sources mortes
Où se dresse, parmi les bois,
Le palais désert dont les portes
Ne s’ouvriront plus à ma voix.